Soirée : “Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique”
Père Michel Mounier |
Livre des évêques : “Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique”
L’ouvrage a été vendu à 5000 exemplaires, signe qu’il répond à un besoin. On peut le lire sans forcément être chrétien.
En introduction du livre, les évêques de France s’expriment en disant : “Si nous parlons aujourd’hui, c’est parce que nous aimons notre pays, et que nous sommes préoccupés par sa situation. Il ne s’agit pas pour nous d’alimenter la morosité par de sombres constats ; mais, en regardant les choses en face, d’apporter résolument notre pierre, notre réflexion, au débat que notre pays se doit d’avoir. Nous ne sommes pas des spécialistes de la politique, mais nous partageons la vie de nos concitoyens. Nous les écoutons et les voyons vivre. Et ce qui touche la vie de l’homme est au cœur de la vie de l’Église.
Or, il faudrait être sourds ou aveugles pour ne pas nous rendre compte de la lassitude, des frustrations, parfois des peurs et même de la colère, intensifiés par les attentats et les agressions, qui habitent une part importante des habitants de notre pays, et qui expriment ainsi des attentes et de profonds désirs de changements. Il faudrait être indifférents et insensibles pour ne pas être touchés par les situations de précarité et d’exclusion que vivent beaucoup sur le territoire national (…)
Aujourd’hui, la situation de notre pays nous conduit à parler de nouveau. Plus que jamais, nous sentons que le vivre ensemble est fragilisé, fracturé, attaqué. Ce qui fonde la vie en société est remis en cause. Les notions traditionnelles et fondamentales de Nation, Patrie, République sont bousculées et ne représentent plus la même chose pour tous. Alors même que l’aspiration au débat est forte, il semble devenu de plus en plus difficile de se parler, les sensibilités sont exacerbées, et la violence, sous une forme ou sous une autre, n’est jamais très loin.(…)
Tout récemment, en juin dernier, dans la perspective de l’année électorale importante que notre pays s’apprête à vivre, nous avons voulu « appeler nos concitoyens à tenir compte de certains enjeux qui nous paraissent engager notre avenir de façon déterminante . Mais il nous faut aller encore plus loin.
Au-delà des échéances politiques à venir où les débats de fond risquent toujours de devenir otages
de calculs électoraux, c’est à une réflexion plus fondamentale sur le politique en lui-même qu’il nous semble urgent d’inviter. Pour un tel chantier, chacun doit s’interroger et prendre ses responsabilités. Nous ne pouvons pas laisser notre pays voir ce qui le fonde risquer de s’abimer gravement, avec toutes les conséquences qu’une société divisée peut connaître. C’est à un travail de refondation auquel il nous faut, ensemble, nous atteler. Mais rien ne pourra se faire sans un regard lucide sur la situation”.
(Site de l’Eglise de France)
Quelques phrases (et interprétations) du père Mounier d’après l’ouvrage des évêques
Deux élus de notre territoire sont venus parler de leur engagement |
En 50 ans, notre pays a connu une profonde mutation. Nous sommes devant un sentiment de déclin de la France, et un sentiment de morosité. Les notions de “patrie”, de “nation”, sont bousculées. La violence n’est jamais loin dans le débat politique. Les évêques appellent à repenser le sens du politique.
Il y a une crise de conscience vis à vis de ceux qui sont chargés de
diriger le pays. On entend souvent “ils sont tous pourris !”. Il faut
soutenir ceux qui sont prêts à s’engager dans un esprit de service.
Notre société ne peut se passer du politique.
Dans
le débat politique, le sentiment de joie est premier au détriment de
la raison et de l’analyse, comme si notre société manquait
d’intériorité. On réagit au “coups de cœur”.
Les
évêques constatent que face à des situations de crise, les tensions
peuvent vite monter. Ils s’interrogent sur la responsabilité des médias
(notamment les chaînes en continu), qui entretiennent l’angoisse des
gens en diffusant sans discontinuer des infos alarmantes.
Ambivalences
et paradoxes de notre société. Les gens n’hésitent pas à réclamer des
prestations et se plaignent ensuite des contraintes.
Les
évêques invitent à retrouver des espaces de créativité. Il y a une
sécurité maximale qui freine la créativité. Osons prendre des risque!
Nous avons une forte capacité de dynamisme.
Notre
pays est marqué par une immense difficulté à se réformer. C’est le
poids du corporatisme (on ne parle pas seulement de syndicats). Chacun
défend sa peau. On ne se sent plus lié par l’esprit national.
On attend tellement qu’on est perpétuellement déçu !
L’insécurité
social : on craint le déclassement, la baisse de notre niveau de vie.
Certains ont le sentiment que ceux qui sont au RSA touchent mieux
qu’eux. Il y a sentiment d’injustice vis à vis des sommes faramineuses
de certaines personnes.
L’avenir semble indéchiffrable face à la situation mondiale (tensions, guerres, problèmes écologiques).
Les exclus du système doivent être une priorité.
Il y a une réelle difficulté pour les jeunes d’accéder au travail. Ils restent au seuil de la société.
Les
différences culturelles et la mondialisation peuvent être intéressantes
mais conduisent à une insécurité. Qu’est-ce que l’identité française
avec la mondialisation ?
Avec l’immigration, c’est difficile de se
constituer un récit national ; de définir ce que c’est d’être citoyen
français. Quel récit commun faire ? Il peut y avoir du communautarisme.
Le monde arabo-musulman est perçu comme un danger. On fait une
identification entre les musulmans et le terrorisme.
Il
faut apprendre à vivre ensemble : ce n’est pas d’armures que nous avons
besoin, mais de charpente (qui nous fait tenir debout mais qui n’est
pas rigide comme une armure).
Des jeunes destructurés se convertissent au djiad : qu’est-ce qui n’a pas fonctionné dans leur insertion sociale ?
Il
y a une crise de l’école. On attend de l’école qu’elle permette à nos
enfants de réussir, mais elle ne leur apprend pas à vivre ensemble.