Funérailles de Joseph Faucoup : Homélie de Mgr Lebrun

mars 16, 2011 0 comments
Homélie de Mgr Dominique Lebrun pour la célébration des funérailles du Père Joseph Faucoup à l'église de Boën mardi 15 mars 2011, 16 heures.


Gn 12, 1-4 et Jn 6, 34-40

Père Joseph Faucoup et Mgr Dominique Lebrun
Père Joseph Faucoup et Mgr Dominique Lebrun

Homélie

Abraham est un géant de la foi. Vous avez bien eu raison de choisir ce texte au moment où nous célébrons des obsèques du Père Joseph Faucoup. Il parlait souvent de cette grande figure biblique.

A Abraham, Dieu demande de quitter son pays. En 59 ans, Joseph a quitté 10 fois ce qui était devenu son pays ; à chaque fois, il l’a fait dans l’obéissance, non pas une obéissance aveugle mais une obéissance fondée sur la confiance. C’est la foi.

J’avais été frappé dès ma première rencontre avec Joseph à Arthun comment cet homme à la grande stature accueillait son nouvel évêque, bien plus jeune et bien plus petit, dans la confiance, le respect, prêt à entendre sa parole. Ce fut encore vrai à notre dernière rencontre où il me demanda conseil.

A Abraham, Dieu promet une descendance nombreuse –et vous êtes nombreux ce matin, de sa famille de sang, de sa famille qu’est l’Eglise. Le texte que nous avons entendu dit : Je ferai de toi une grande nation (Gn 12, 2). C’est une expression que nous pouvons recueillir pour Joseph. Dans sa manière de servir, il ne restait pas extérieur. Il prenait dans son cœur tous les habitants auxquels il était envoyé, au-delà des murs de l’église. Ses neveux, petits-neveux, arrières petits-neveux étaient en lui, surtout quand il ne pouvait être présent à leur baptême, par exemple. Le Père Roger m’en a témoigné.

Nous pouvons dire que nous sommes en lui. Et cela est vrai aujourd’hui alors que Joseph Faucoup est devant son Seigneur. Je l’imagine avec un sourire malicieux et des yeux rieurs dire à St Pierre : « es-tu sûr de me faire entrer : il faudra beaucoup de place pour mes jambes et, surtout, pour tout le monde qui vient derrière moi et dont je ne me sépare jamais » ! Nous pouvons dire que depuis que le Père Joseph est parti là-haut nous y sommes nous aussi un peu.

La volonté du Père qui m’a envoyé, c’est que je ne perde aucun de ceux qu’il ma donnés, mais que je les ressuscite tous au denier jour (Jn 6, 39). Le prêtre qui vous a servis avait au cœur ce grand désir qu’aucun ne se perde … et il en a mis en route plus d’un, plus d’une pour qu’il l’accompagne dans son chemin de foi, pour renoue avec la foi, pour qu’il s’engage dans l’Eglise.

Abraham partit à l’âge de 75 ans ! Comment entendons-nous cela cet après-midi ? S’agit-il simplement de ces jours où le Père Faucoup quitta son village natal, ses paroisses ou son appartement ou son désir de se retirer à Sail ? Nous le comprenons par l’expression que nous utilisons parfois pour parler de la mort : il est parti, il est parti trop tôt ! Oui, Joseph partit à l’âge de 84 ans.

Les chrétiens le disent parfois : le Seigneur l’a rappelé à Lui. Cela est insupportable quand il s’agit de personnes jeunes et difficilement audibles pour nos proches : Dieu pourrait-il nous enlever ceux que nous aimons ?

Nous ne pouvons l’entendre qu’en allant jusqu’au bout de la foi : la volonté de mon Père, c’est que tout homme qui voit le Fils et croit en lui obtienne la vie éternelle ; et, moi, je le ressusciterai au dernier jour (Jn 6, 40). Jésus nous appelle à le suivre pour que nous soyons tous rassemblés. Non, Dieu n’appelle pas à la mort ; il appelle à la vie, à la vie éternelle.

Aller au bout de la foi n’est pas un chemin tranquille. C’est l’une des autres caractéristiques du Père Joseph Faucoup : jusqu’au bout sa foi était une foi inquiète. Il continuait de chercher Dieu. D’ailleurs, il lisait beaucoup, cherchant la présence de Dieu. Quand je l’ai rencontré, au moment où il décidait de rester à l’hôpital local, nous avons parlé de sa mort qui s’approchait, nous avons parlé de notre rencontre avec Dieu. Il n’était pas dans une certitude tranquille, il était dans l’espérance. Notre prière commune de vêpres dans sa petite chambre restera pour moi un grand moment de vraie prière, un grand moment d’espérance.

Frères et sœurs, chacun d’entre nous est sur un chemin de foi, y compris, si j’ose dire, celui qui ne croit plus sauf si nous renonçons complètement à nous interroger : quel sens a la vie ? Quel sens a la mort ? Joseph vous a souvent interrogé, invité à aller plus loin dans votre vie, dans votre foi.

Dans cette eucharistie, rendons grâce à Dieu pour le prêtre qui, entièrement, s’est donné pour être un instrument à la suite de l’envoyé du Père, Jésus. Père Joseph Faucoup continuez de prier pour les fidèles à qui vous êtes fidèle : Continuez de prier pour les prêtres –je vous l’avais demandé et vous me l’aviez promis- qui prennent le relais pour essayer de dire l’amour du Père, l’amour infini.

† Dominique Lebrun
Evêque de Saint-Etienne.