Une délégation stéphanoise à Lourdes pour fêter le Concile Vatican 2

mars 29, 2012 0 comments
Monique Jacquet faisait partie de la délégation stéphanoise qui est allée à Lourdes à l'occasion du 50ème anniversaire du concile Vatican II. A cette occasion tous les diocèses de France étaient représentés. Elle nous apporte son témoignage.


Le contexte

« Nous étions une cinquantaine de personnes à représenter le diocèse à Lourdes pour la fête du cinquantième anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II. 2500 participants étaient venus de toute la France, la délégation la plus lointaine étant le diocèse de Guyane (50 personnes). Pas moins de 60 évêques et 300 prêtres et diacres formaient, avec nous, cette assemblée équivalente au nombre d’évêques ayant travaillé à l’élaboration du Concile. Nous ne le connaissions pas, eux non plus… Nous avons été remis dans le contexte de travail des évêques à l’époque.

Le voyage

Tout au long du voyage, nous avons eu l’occasion de faire connaissance avec les personnes de notre diocèse, nous avons fait un quizz sur Vatican II animé par le père Dominique, notre évêque…, nous avons aussi pris le temps de prier pour ceux qui nous sont chers, nos paroisses respectives et ceux qui les font vivre, les hommes du monde entier… . Les offices des Laudes, de None, des Vêpres, et des Complies ont rythmé notre voyage. Arrivés à Lourdes, nous sommes allés célébrer l’Eucharistie dans la première chapelle construite à la demande de la Vierge à Sainte Bernadette. Elle est située sur l’esplanade et sous le clocher de la grande église.

L’ouverture du rassemblement des Eglises diocésaines

La délégation de Saint Etienne a rejoint l’église Sainte Bernadette pour la célébration d’ouverture de l’assemblée par le Cardinal André Vingt Trois. Après un reportage historique sur le Concile, Mgr Laurent Ulrich, évêque de Lilles et vice-président de la conférence des évêques, présentait le contenu de ces deux jours et les trois intervenants :

- Mgr Claude Dagens, prêtre le 4 octobre 1970 pour le diocèse de Bordeaux, évêque auxiliaire du diocèse de Poitiers (22 juillet 1987), évêque d’Angoulême en 1993, membre de la commission doctrinale et élu à l’Académie Française le 17 avril 2008.

- Mgr Eric Moulins-Beaufort, prêtre depuis le 29 juin 1991, pour le diocèse de Paris, évêque auxiliaire de Paris en 2008, membre de la Commission Doctrinale, président du groupe de travail « Ministres ordonnés et fidèles laïcs : quelle présence des catholiques dans la société contemporaine ».

- Cardinal André Vingt Trois, prêtre depuis 1969, pour le diocèse de Paris, évêque auxiliaire de Paris le 25 juin 1988, évêque de Tour en 1999, archevêque de Paris depuis 2005, créé Cardinal le 24 novembre 2007, président des évêques de France, co-président du Conseil des Eglises Chrétiennes en France.

Message du pape Benoît XVI enregistré

Nous avons eu le plaisir d’entendre le pape Benoît XVI, en visite au Mexique et à Cuba, dans un message enregistré dans lequel il nous exprime un très bel appel à l’enthousiasme de la foi : « Redécouvrir la joie de croire et l’enthousiasme de communiquer la force et la beauté de la foi est un enjeu essentiel de la nouvelle évangélisation à laquelle est conviée toute l’Eglise. Mettez-vous en route sans crainte pour conduire les hommes et les femmes de votre pays vers l’amitié du Christ ». Il souligne que le Concile Vatican II a été et est toujours un « authentique signe de Dieu dans notre temps » et qui si nous savons « le lire et le recevoir de la Tradition de l’Eglise, il deviendra une grande force pour l’avenir de l’Eglise ».

Un témoin français du Concile

Notre rassemblement a accueilli également le Cardinal Roger Etchegaray, évêque émérite de Marseille, président émérite des Conseils Pontificaux Justice, Paix, et Cor Unum, vice-président du collège des Cardinaux. Et depuis 1984, à la demande du pape Jean-Paul II, il sillonne les routes du monde pour porter le message évangélique. Il a été témoin du Concile puisqu’ il y a participé, mais il n’était pas encore évêque en 1962 (il le sera en 1969). Il explique qu’à chaque étape du Concile Vatican II, il pouvait rencontrer d’autres théologiens, d’autres évêques et des femmes « trop peu nombreuses ! » dit-il avec humour, en tout cas de grands acteurs dont nous sommes les héritiers. Il souligne que « le concile a mis tout à la fois, l’évidence et l’épreuve ». Il a été marqué par le message du pape Jean XXIII, lorsqu’il annonce l’ouverture d’un nouveau concile par cette phrase devenue célèbre depuis « Je veux ouvrir la fenêtre de l’Eglise, afin que nous puissions voir ce qui se passe dehors et que le monde puisse voir ce qui se passe chez nous ». Ce qui fût également pour lui un moment impressionnant est la procession d’ouverture du Concile « une procession de trois kilomètres s’avance vers la basilique Saint Pierre… ».

Un des fruits du Concile : le rapprochement des Eglises catholiques, protestantes et orthodoxes

L’œcuménisme, dialogue avec les autres Eglises, protestantes et Orthodoxes, a été un des fruits importants du Concile. Notre rassemblement à Lourdes en a été le témoin puisque nous avons eu la chance d’avoir la présence de Mgr Métropolite Emmanuel, président de l’assemblée des évêques orthodoxes de France et du Pasteur Claude Baty, président de la Fédération protestante de France.

Vatican II : un Concile christologique

Mgr Claude Dagens, évêque d’Angoulême, élu à l’Académie française en 2008, est aussi l’auteur du rapport Dagens en 1994 qui a préludé à la lettre aux catholiques de France en 1996. Mgr Dagens commence son propos en soulignant que l’intention du Concile n’était pas de réorganiser l’Eglise mais de la renouveler en partant du Christ, de sa Révélation, de sa présence au monde et de relever ainsi le défi de la foi chrétienne : « L’Eglise ne se renouvelle qu’à partir de sa source et sa source c’est le Christ ».

Vatican II : la mise en lumière de la sacramentalité de l’Eglise


Après Mgr Claude Dagens qui intervenait sur le thème du Christ, Mgr Eric de Moulin-Beaufort fait un exposé sur l’Eglise. Mgr Moulin-Beaufort précise que le concile met en lumière la sacramentalité de l’Eglise. C'est-à-dire qu’elle est le signe visible et efficace d’une réalité invisible, Dieu. Plus précisément, l’Eglise est le signe visible de ce grand mouvement de Dieu qui vient vers les hommes pour se communiquer malgré leurs fautes.

L'homme au coeur du Concile Vatican II

Le dimanche matin, nous avons eu le plaisir d’entendre Mgr André Vingt Trois sur le thème de l’homme.

Il faut faire une approche anthropologique pour bien comprendre le concile, le regarder du côté de l’homme. Il est important de revenir à cette Parole de l’Ecriture, Ps 8 : « Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui ? ». Si Dieu prend souci de l’homme, comment s’étonner qu’un concile ait placé au cœur de son message, la condition humaine, la vocation humaine ? Avec la Tradition catholique, le concile croit que l’homme est ensemencé par l’Esprit du Christ.

Ce que le concile a voulu avant tout, c’est regarder le monde avec un regard nouveau, non pas pour condamner mais pour prendre conscience que l’Esprit de Dieu qui est à l’œuvre depuis la création continue à agir dans ce monde et à produire des fruits pour le bénéfice de l’homme. C’est cette perspective d’un regard bienveillant sur le monde qui a été l’une des intuitions du concile. Il a donc permis une évolution dans la manière de comprendre l’homme.

Le concile déclare que la liberté religieuse, la liberté de conscience est indispensable pour que l’homme devienne partenaire de Dieu. Après la guerre, un courant d’idées affirmait que l’homme était la négation de Dieu. Cette idée qui a traversé notre société et a nourrit un conflit entre le progrès de l’humanité et le progrès de la foi en Dieu. C’est parce que l’homme est libre qu’il peut répondre à Dieu. Et nous ne pouvons pas faire progresser l’humanité dans sa relation avec Dieu si nous ne travaillons pas à développer cette liberté.

Ce que ce pèlerinage nous a permis de vivre

Ce voyage à Lourdes nous a permis de faire une belle expérience d’Eglise. Se plonger dans le contexte du concile, dans les textes importants et décisifs nous donne de comprendre que l’Eglise a réellement voulu se mettre en relation avec le monde. On s’est rendu compte combien l’intuition du pape Jean Vingt Trois a influencé notre Eglise, combien elle a fait confiance aux laïcs, combien elle est repartie de la source de la foi pour nourrir les chrétiens d’aujourd’hui encore et par conséquent combien l’Esprit Saint est à l’œuvre.

Nous avons pris conscience que le concile a réellement produit un retour à la découverte de la mission de l’Eglise. Il a mis au centre de toute réflexion l’Homme, comme Jésus l’a toujours fait. Il est important de le rappeler aujourd’hui, où nous avons l’impression d’avancer à contre-courant. Pour comprendre le concile, il nous faut faire un recentrage sur le Christ.

Nous avons aussi fait connaissance avec d’autres chrétiens de notre diocèse. L’équipe sera peut-être appelée à se rencontrer de nouveau pour préparer une journée diocésaine à l’automne et imprégner notre Eglise diocésaine de cette ambiance conciliaire pour qu’elle se renouvelle. Le concile reste une source d’inspiration dans laquelle on n’a pas fini de se plonger.
Monique Jacquet





"Le Christ donne à l’Église la force d’accomplir sa mission"

Mgr Claude Dagens, évêque d’Angoulême, élu à l’Académie française en 2008, est aussi l’auteur du rapport Dagens en 1994 qui a préludé à la lettre aux catholiques de France en 1996. Ila pris la parole lors du rassemblement à Lourdes qui fêtait le 50ème anniversaire du Concile Vatican II les 24 et 25 mars 2012.
Mgr-Dagens

Mgr Dagens commence son propos en soulignant que l’intention du Concile n’était pas de réorganiser l’Eglise mais de la renouveler en partant du Christ, de sa Révélation, de sa présence au monde et de relever ainsi le défi de la foi chrétienne : « L’Eglise ne se renouvelle qu’à partir de sa source et sa source c’est le Christ ». L’évêque d’Angoulême affirme que Vatican II est avant tout un concile christologique car il met en pleine lumière la primauté du Christ.

S’appuyant sur la Constitution sur la liturgie « Sacrosanctum Concilium » qui annonce que le Christ est toujours là auprès de son Eglise, Mgr Dagens met en évidence que l’Eglise est liée au Christ et que la liturgie vient actualiser ce lien. Mais il insiste sur le fait que la liturgie ne remplit pas toute l’activité de l’Eglise, elle est appelée aussi à la conversion au Christ. Et cela traverse toute l’œuvre conciliaire.

Cette concentration du Concile sur le Christ est une ouverture sur le mystère du Christ. Vatican II soutient que c’est le Christ qui donne à l’Eglise la force d’accomplir sa mission et d’annoncer la nouveauté du Christ. Mgr Dagens attire l’attention sur le fait que l’Eglise peut connaitre le risque de se replier sur elle-même ou de se concentrer sur son organisation. Ce risque peut l’empêcher de déployer son identité réelle et sacramentelle : briller de la lumière du Christ.

Mgr Dagens appelle l’Eglise d’aujourd’hui à annoncer le Christ, Lumière des Nations « Il faut que le Christ continue d’être annoncé, c’est une nécessité organique » et conclut par un souhait : « Que l’Eglise soit plus transparente à la lumière du Christ, ainsi soit-il ».
Monique Jacquet