(archives) Interview de Damien Muller, futur diacre

juin 1, 2013 0 comments
Damien Muller, qui sera ordonné diacre permanent dimanche 23 juin 2013 à 15 h 30 à l'église de Boën, revient sur son appel, sa formation, et le cheminement qui l'a conduit à accepter cette mission d'Église, avec le soutien de son épouse Myriam et de ses trois enfants, Justine, Baptiste et Maxime.


Damien et Myriam Muller
Damien et Myriam Muller


■ Damien, comment décide-t-on, un jour, de devenir diacre ?

C'est d'abord un appel intérieur, des choses que l'on ressent profondément, qui te font te poser des questions et que tu confies à la prière. J’ai décidé d’en parler au père Philippe Brunel, alors curé de la paroisse Saint Vincent en Lignon. J’ai évoqué avec lui l’idée du diaconat et j’ai découvert qu’il y pensait également pour moi. Mais l’interpellation (la vraie dirais-je) a été celle de mon épouse Myriam qui m’a dit « pourquoi ne deviendrais-tu pas diacre ? ».

■ Et ce fut le déclic ?

Pas tout de suite, beaucoup de choses et de gens m’ont amené à prendre cette décision, notamment les paroles d’une paroissienne qui m’a dit, alors que j’entrais dans la période de discernement : « Il y a longtemps que je prie pour ça ! ». La véritable mise en route s’est faite au Foyer de Charité de Chateauneuf de Galaure, village où est née Marthe Robin, alors que j’effectuais là-bas un petit pèlerinage. Cela a donc été une longue maturation.

■ Pourquoi à Chateauneuf de Galaure ?

Je voulais donner un sens à ma démarche et je voulais aller où est née Marthe Robin - une grande mystique de notre époque, également très proche de la Vierge Marie.

■ Comme vous !

Oui ! Cette proximité de la Vierge, je la tiens de ma grand-mère qui avait pour elle une grande dévotion. Marie est devenue très familière au sein de ma famille. Cette proximité avec la Vierge s’est confirmée par les pèlerinages à Lourdes que j’ai effectués. Marie a été un chemin qui m’a fait découvrir son fils, et elle reste cette maman du ciel.

■ Myriam intervient : Et tu as épousé une Myriam !

■ Vous êtes issu d’une famille très croyante ?

Oui ! Quand j’étais jeune, je voulais même être prêtre, mais comme je voulais aussi fonder une famille, ce n’était pas compatible !

■ Comment vous êtes vous investi en Église ?

Petit, j’étais enfant de chÅ“ur, puis scout dans ma jeunesse. A dix huit ans, j’ai commencé à aller à Lourdes dans le cadre des pèlerinages du Rosaire comme brancardier, en service adultes, puis après, auprès des jeunes. J’ai fait un break quand mes enfants étaient petits, mais depuis douze ans j’y retourne en service auprès des enfants handicapés. Je suis responsable des brancardiers du service par le biais des hospitaliers du Rosaire (famille dominicaine). Par mon métier et mes nombreux déplacements, je me suis moins impliqué durant quelques années, mais quand nous sommes arrivés sur la paroisse en 2000, j’ai pu m’investir dans la vie de la communauté : lectures à la messe, chants, groupe liturgique et le caté avec mes enfants.

■ Où vous vous êtes très impliqué en tant que parent !

Les années caté ont été une vraie richesse en effet. Maintenant, je suis à l’aumônerie, je participe aux liturgies et je les accompagne lors de leurs voyages : Rome/Assises, le Mont saint Michel, et cette année, le Sud Ouest (Rocamadour, les Landes, le Pays Basque). Il y a aussi la grande aventure du Grenier du bonheur. Avec un groupe de parents, nous avons proposé des spectacles pour aider au financement des voyages des jeunes.

■ Après cette période de discernement, commence la formation, que vous avez effectuée en couple ?

Myriam et moi avons toujours fondé notre couple sur le respect mutuel et la tolérance dans notre pratique religieuse. Nous n’avions pas eu le même parcours, nous ne vivions pas notre foi de la même manière, mais grâce à la formation, où des temps sont vécus avec les épouses, nous avons pu vivre notre foi ensemble, mais chacun à notre rythme. La place de l’épouse dans ce cheminement est indispensable, c’est d’ailleurs précisé dans le rituel de l’ordination du diaconat. Sans consentement de l’épouse, il n’y a pas d’ordination. Ce qui est normal car se préparer au diaconat bouleverse et change tellement de choses, que cela ne pourrait pas être possible s’il n’y avait pas acceptation de la famille.

■ De vos enfants également ?

Si les enfants n’avaient pas accepté ma décision, je ne l'aurai pas fait. Mais ils m’ont dit : « si cela te rend heureux, cela nous rend heureux ! ». C’était super !

■ Outre la formation, vous aviez aussi une équipe d’accompagnement ?

Oui, composée de neuf personnes, un prêtre, un diacre et son épouse, et des laïcs, pour certains un peu plus loin de l’Église. Certains ont découvert la richesse d’un groupe d’adultes et comment réfléchir à sa foi au cÅ“ur de ce monde. Ce fut un lieu d’échanges très enrichissant avec des gens qui avancent en même temps que toi, avec qui tu partages tes joies mais aussi les moments un peu plus difficiles.

■ Lors de votre présentation du diaconat aux paroissiens en juin dernier, vous avez signalé combien la formation vous avait déstabilisé ?

Intellectualiser la foi, c’est perdre un peu de cette foi qui vient du cÅ“ur. Oui, j’ai été déstabilisé, mais j’ai compris que cette Parole, il faut la remâcher pour la recevoir. On trouve ensuite une autre richesse à la Parole. J’ai compris que ce temps était nécessaire pour continuer d’avancer. Il y a des étapes à franchir. Il faut passer par là. C’est une richesse maintenant de lire un texte à la lumière de ce que j’ai reçu.

■ En conclusion, la joie l’emporte-t-elle sur l’appréhension ?

Il y avait un peu d’appréhension, mais j’ai effectué une retraite silencieuse au Foyer de Charité de Chateauneuf de Galaure et j’ai su avec conviction qu’il y avait cet appel à me mettre au service de mes frères. Cela me remplit de joie et cela me rend tout disponible.

Propos recueillis par Frédérique Défrade