Joseph Faucoup reçoit les clés de la ville de Boën |
Bien que mon coeur se serre à l'évocation de sa disparition, je ne peux m'empêcher de sourire tendrement en songeant à tous les souvenirs que je garde de lui. Je pense à toutes ces discussions que nous avons partagées - quelques fois animées si nos points de vue divergeaient - mais il savait écouter et se montrer persuasif s'il le faut !
Un jour, alors qu'il prenait l'apéritif chez mes parents, j'aborde avec lui la question du mariage des prêtes. Il me répond : "crois-tu que je pourrais prendre le temps de siroter mon whisky et parler avec vous, ici, si j'avais une femme qui m'attendait à la maison ? ". Evidemment, cela répondait à ma question. Le célibat des prêtres était pour lui une nécessité pour se rendre disponible. Car il prenait du temps pour ses "ouailles", le temps de leur parler, de les écouter, lors d'une visite rapide ou d'un après-midi convivial. Ce même jour, il me dit : " je déplore qu'avec la charge des nouvelles paroisses, les curés ne puissent plus prendre le temps de visiter leurs paroissiens, d’aller voir des familles en deuil. Mais comment pourraient-ils le faire avec vingt trois clochers, c'est impossible !". Cette idée le rendait triste car il sentait que les curés passaient à côté de quelque chose d'important pour la vie de la communauté.
Sur des questions de foi, il ne niait pas avoir eu quelques fois des doutes, de brefs instants d'incertitude qu'il balayait aussitôt en me disant :" Tant d'hommes ont témoigné de la résurrection ; je ne peux pas croire que depuis 2000 ans les hommes se trompent". C'était pour lui une certitude. Cette foi, chevillée au corps et transmise par sa chère maman qu'il évoquait souvent, il a su la partager autour de lui. Il était honoré de dire : " j'ai quand même mis en route trois animatrices sur la paroisse ! C'est un peu grâce à moi si elles sont là !". Il avait raison.
Bien sûr !
Comme souvent !
Il y aurait tant à dire sur ce cher père Joseph ! Tant d'anecdotes à raconter.
Mon coeur se serre, mes lèvres sourient, comme votre coeur se serre et vos lèvres sourient, vous qui l'avez connu et aimé ; vous qui avez partagé des moments de joie et de peine avec lui ; vous qui l'avez côtoyé et apprécié tel qu'il était, avec sa verve habituelle, ses petites pointes ironiques, et son amour infini pour les autres.
Frédérique Défrade