Lettre encylique Laudato si' (Loué sois-tu) du Pape François sur la sauvegarde de la Création, notre Maison commune paru le 24 mai 2015.
Interview de Mgr Lebrun
Qu’est-ce que la Maison Commune ?
- Mgr Dominique Lebrun : C’est une conviction profonde des catholiques, un acte de foi : la terre et l’univers sont pour les humains une maison commune. Ils en ont la responsabilité. Plus que cela, comme dans une maison, le toit ou les fenêtres n’existent pas sans les murs (n. 138,155), tous les éléments de l’univers sont en relation de dépendance les uns vis à vis des autres.
Quel constat ?
- Mgr Dominique Lebrun : L’encyclique fait un constat sévère de notre style de vie. S’appuyant sur des données scientifiques, le pape souligne trois problèmes majeurs : celui de l’eau, de la biodiversité (déforestation en Amazonie par exemple) et du climat.
Ce constat de crise a un impact direct sur l’homme : dégradation sociale dans les villes, gestion des déchets, effets pervers des avancées technologiques (ce qu’Internet produit dans les relations humaines). Le pape souligne également les inégalités croissantes entre les hommes.
Que signifie "écologie intégrale" ?
- Mgr Dominique Lebrun : Le pape François souligne qu’on ne peut s’intéresser à la Création si on ne s’intéresse pas à sa plus belle création qui est l’homme. D’où l’idée d’une écologie intégrale qui intègre la nature et l’homme dans toutes ses dimensions. Le pape a des paroles inquiétantes qu’on peut résumer en une phrase : si on ne sait pas écouter le pauvre crier, on ne peut écouter la nature crier.
- Il y a des prises de conscience, certes, mais elles sont insuffisantes.
Un cri d’alarme du pape ?
- Mgr Dominique Lebrun : Cette encyclique est un vrai manifeste politique. Elle refuse le diktat de la technologie et de la finance. Elle réclame une autorité politique forte. Le politique doit gérer les progrès et les appétits financiers et doit se sentir soutenu par les citoyens qui doivent se manifester et faire pression. Le pape insiste même pour qu’il y ait une autorité mondiale comme il y a la Banque Mondiale, l’ONU...
Une encyclique pour tous ?
- Mgr Dominique Lebrun : L’encyclique dénonce les comportements égoïstes que nous avons les uns pour les autres et qui nous aveuglent. Elle s’adresse à notre conscience ! Mais surtout, elle demande à la raison humaine de prendre en compte ce que la science lui dit et qui rejoint ce que nous dit la Bible notamment dans le récit symbolique de la Création : l’homme est garant de cette Création. Le pape en appelle à tous les croyants. Ainsi, à la fin, elle propose deux prières, une pour tous les croyants qui croient en un Dieu créateur, et une deuxième pour les chrétiens.
Alors que faire ?
Il faut repenser la relation à la nature, à soi, aux autres, et à Dieu. Ces relations ne sont pas en concurrence mais s’ouvrent les unes aux autres. Le pape fait appel à la générosité, à l’effort, à l’inventivité... depuis la base jusqu’au sommet.
- " Cette encyclique est un appel à une véritable révolution culturelle. Elle m’a beaucoup touché !"
Article du Progrès
« L’encyclique du pape François est un manifeste politique » déclare Mgr Dominique Lebrun, évêque de Saint-Etienne. Il revisite et salue la démarche d’un pape qui, tout en dénonçant une crise écologique sans précédent, lance un appel et un message d’espérance à l’humanité entière.
Ce jeudi, jour de parution de l’encyclique du pape François sur l’écologie, Mgr Dominique Lebrun, évêque de Saint-Etienne, a relayé l’appel du pape à tous les croyants, pour une prière commune, un dialogue relancé avec tous les acteurs du monde. L’évêque de Saint-Etienne réaffirme lui aussi son inquiétude quant à l’avenir de la « maison commune ». Une planète « dont le toit n’existe pas sans murs et qu’il faut sauvegarder »… Mgr Lebrun voit dans cette encyclique, au-delà du « constat sévère et critique » dressé par le pape François, un véritable « manifeste politique et la nécessité d’une autorité politique mondiale qui refuse le diktat de la technologie et de la finance, pour laisser place à une écologie intégrale ». « La planète, notre maison commune » Face au constat de crise qui pèse directement sur la nature, l’eau, la biodiversité, le climat, mais aussi les effets pervers des avancées technologiques, les inégalités croissantes entre les peuples, Mgr Lebrun soutient ce geste historique d’un pape qui dénonce l’égoïsme des citoyens et prône une conversion écologique. Il espère que d’un dialogue mondial entre science, raison et foi, jaillisse une conscience solidaire qui permettra à l’humanité de reconnaître la « valeur d’un pauvre, d’un embryon humain, d’une personne vivant une situation de handicap… Et ceci pour que chacun ait droit de cité. » Cette nature qui est notre « maison commune, nous nous devons la préserver par des actes responsables dépourvus d’intérêts individuels, dans un élan de générosité et de partage. » Alors, comment participer individuellement à cette écologie intégrale pour sauvegarder la planète : « Cela passe par un changement personnel de vie, par de petites actions quotidiennes, ajoute Chantal de Rosemont, responsable de la communication du diocèse. Comme de réduire la consommation d’eau ou de chauffage, de trier les déchets, le covoiturage… »
Laurence Perbey pour le Progrès