MESSAGE DES ÉVÊQUES DU CONSEIL PERMANENT ADRESSÉ AU PEUPLE DE DIEU
QUI EST EN FRANCE
Depuis plusieurs mois maintenant, notre Église est durement mise à l’épreuve. Laïcs, clercs, consacrés, nous sommes profondément affectés par les révélations d’abus qui se font jour à travers le monde et dans notre pays. Face à la souffrance imprescriptible des victimes et de leurs proches, nous sommes tristes et honteux.Notre pensée se tourne d’abord vers ceux à qui on a volé leur enfance, dont la vie a été marquée à tout jamais par des actes atroces.
Croyants et incroyants peuvent constater que les actes de quelques-uns rejaillissent sur toute l’église, qu’il s’agisse d’actes criminels ou de silences coupables. Tous, nous subissons ce soupçon qui porte sur l’ensemble de l’Eglise et des prêtres.
Dans ce désarroi partagé, nous affirmons à la fois que notre lutte contre tout abus doit se poursuivre sans relâche et que notre estime et notre affection pour les prêtres de notre Eglise restent entières. Nous, évêques, voulons redire notre soutien aux prêtres de nos diocèses et appeler tous les fidèles à leur manifester leur confiance.
Le pape François a adressé le 20 août 2018 une lettre à tous les catholiques du monde. Il y engage à une « participation active de toutes les composantes du peuple de Dieu » pour enrayer le fléau de la pédophilie. Nous faisant l’écho de cette parole, nous invitons toutes les communautés, tous les fidèles à lire attentivement cette lettre, à l’étudier avec sérieux, à voir comment la mettre en œuvre. Nous appelons chaque baptisé, quelle que soit sa responsabilité dans l’Eglise, à s’engager « dans la transformation ecclésiale et sociale dont nous avons tant besoin ». C’est par l’engagement et la vigilance de chacun que nous parviendrons à vaincre cette calamité des abus dans l’Eglise.
En France, l’Eglise s’est engagée avec une grande détermination dans cette lutte contre les abus et notamment contre la pédophilie. Avec humilité, nous reconnaissons que ce combat est toujours à intensifier, qu’il nécessite une attention sans faille et une conversion permanente des mentalités. La souffrance des personnes victimes d’abus s’impose aujourd’hui comme la première des conséquences à prendre en compte face à ce fléau. Nous affirmons avec force que l’écoute de l’histoire des victimes nous a profondément bouleversés et transformés. Nous sommes persuadés que leur écoute et le travail accompli avec elles nous aideront à mener ce combat contre la pédophilie et à trouver des voies toujours nouvelles de prévention, notamment par la formation des différents acteurs auprès des jeunes. C’est bien dans cet esprit que, lors de notre prochaine assemblée plénière à Lourdes, nous souhaitons accueillir et écouter des personnes victimes.
La crise que traverse l’Eglise catholique aujourd’hui, le profond désarroi dans lequel sont plongés beaucoup de fidèles et de clercs sont une invitation à travailler à la juste place de chacun. A la suite de l’appel du Pape maintes fois exprimé, nous invitons à travailler cette question de l’autorité partout où elle se pose dans l’Eglise. C’est ensemble - dans un souci de communion véritable - qu’il nous faut veiller à ce que tous exercent pleinement leur responsabilité.
Dans ces épreuves qui nous atteignent, nous évêques, avec force et humilité nous en appelons à la foi des uns et des autres. C’est le Christ qui est notre Roc. Il nous a promis qu’il ne nous ferait jamais défaut. Nous vous lançons cet appel : « Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous » (1P 3,16)
Le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France
Mgr Georges PONTIER, Archevêque de Marseille, président de la CEF
Mgr Pierre-Marie CARRÉ, Archevêque de Montpellier, vice-président de la CEF
Mgr Pascal DELANNOY, Évêque de Saint-Denis, vice-président de la CEF
Mgr Michel AUPETIT, Archevêque de Paris
Mgr Jean-Pierre BATUT, Évêque de Blois
Mgr François FONLUPT, Évêque de Rodez
Mgr Stanislas LALANNE, Évêque de Pontoise
Mgr Philippe MOUSSET, Évêque de Périgueux
Mgr Benoît RIVIÈRE, Évêque d’Autun
Mgr Pascal WINTZER, Archevêque de Poitiers
► Déclaration du 12 septembre 2018.pdf